A un bout du monde

Un blog pour vous faire suivre nos peregrinations en Antarctique (et en Nouvelle-Zelande), vous expliquer notre travail et (surtout) poster de nombreuses photos de ce bout du monde.

Sunday, December 31, 2006

Reveillon-blizzard

Apres avoir passe la journee d'hier dans la cabane (tempete), et le vent etant quasiment nul ce matin (enfin a midi), nous descendimes aujourd'hui 31 decembre a la colonie...

Entre 13h30 et 16h30 tout allait bien, exceptees de petites rafales de vent, une temperature assez elevee (etonnamment vu les nuages - signe de tempete par ici), le barometre qui etait bas egalement (OK ca commence a faire), et puis tres rapidement le vent s'est leve, sur la calotte glaciaire et sur la mer d'abord, puis... nous est tombe dessus !

Direction la cabane donc, du vent et un peu de neige au depart (photo ci-dessous, en haut de la colonie), puis un bon vieux blizzard ensuite (rafales jusqu'a 100-110 km/h d'apres l'anemometre de la cabane), bien sympathique (=un peu rude) dans la grimpette !


Le resultat a l'arrivee a la cabane...

Un petit appel radio a nos camarades, qui nous rejoignent une heure plus tard (ils ont pris l'option "en plein dans la neige" plutot que par le chemin), a peu pres dans le meme etat que nous.

Amelie s'est chargee du diner de reveillon : toasts de pate de canard aux pistaches (merci Papa Maman Marsaudon) et focaccia pour commencer, puis saumon en papillotte accompagne de riz et de legumes varies, et tarte aux fraises pour conclure. Excellent !

23h15, la nouvelle annee arrive a grands pas (he oui nous sommes dans les premiers), nous avons une pensee pour vous autres assidus lecteurs, qui allez aussi basculer dans quelques heures en 2007, apres, au choix, un diner en famille, une chouille parisienne, ou que sais-je encore... plein de bonnes choses a tout le monde !

Une vocation, je vous dis… (spécialement pour les branlos et branlottes de la FIF)

Pour tous ceux qui s’interrogent, que dis-je qui recherchent un soupçon de cohérence dans mon parcours estudiantino-professionnel, les manchots et les lichens (la rare végétation ici est composée d’un lichen orange et d’une mousse verte, comme souvent les mousses vous me direz, mais ici c’est remarquable un peu de verdure) après les études forestières, voici LE lien : le carnet de terrain orange « forestry suppliers » qui résiste aux intempéries ! Sans doute parfaitement utilisable pour un martelage ardennais ou une tournée pédologie dans les Vosges.

Val

26 décembre, journée blanche (2/3 finalement)

Extérieurement, notre cabane ressemble a ceci, avec au premier plan les toilettes (peinture noire, ce qui réchauffe un peu l’endroit), blanc à gauche le « frigo » (dans lequel se trouvent les glacières de graille (appellation spéciale pour Lisa) surgelée, les fameux U-barrels (bidons noirs dédiés a notre chère urine), les réserves de gaz et juste au-dessus un panneau solaire (maintenant nous en avons deux autres), et enfin la porte d’entrée :

Thursday, December 28, 2006

Une journee a Cape Crozier

Heureusement que Valere est la pour prendre un peu le relais sur le blog… S’il n’y avait que moi ces jours-ci, il meriterait bien son intitule de « grand blanc » pour reprendre un commentaire de la Thiallier. Heureusement, une 2nde tempete, qui a debute hier (26 decembre), me permet de reprendre un peu le clavier. Pour me dedouaner, je vais essayer de vous raconter une « journee-type », une de celles qui nous tiennent loin des mails et du blog depuis la mi-decembre. Si vous etiez avec nous, vous auriez sans doute adopte la regle des regles a Crozier : la grasse matinee. D’apres Grant, il s’agirait d’une sombre histoire d’influence de la position du soleil (du genre lever quand il est a l’est, etc…). Moi, j’ai des doutes. Je penche aussi pour une selection de marmottes inveterees dans l’equipe. Mais Valere ne nous avait pas habitue a des levers aussi tardifs. Bon… la question demeure. Quoi qu’il en soit, les apparitions des differents membres de l’equipe dans la cabane s’echelonnent majoritairement entre 10 et 11h du mat’. Parfois plus tard, rarement plus tot. P’tit-dej dans la foulee avec muesli et lait en poudre (yaourt les jours de fete) et du vrai bon the que Valere et moi nous etions envoyes par colis avant de partir. En finissant mon the, j’allume mon ordi pour demarrer les appareils que nous poseront dans la journee : enregistreurs de plongee, balises argos (pour la localisation des oiseaux en mer) ou SPLASH (qui combine les 2 instruments precedents). Pendant ce temps, Valere bondit dans ces vetements de terrain, chauds et impregnes d’une douce odeur de manchot, procede a une toilette tres sommaire (il se brosse les dents, quoi), chausse lentilles et lunettes de soleil et s’enduit d’ecran total.
La, il doit y avoir une photo de Val qui ne passe pas...

Entre midi et 13h, toujours le premier, il devale la pente enneigee en direction de la colonie.


Un peu plus tard (entre 13 et 14h), je m’elance a mon tour, non sans l’avoir prevenu par radio et on se retrouve en general pour equiper des Adelies (elevant des poussins) avec les appareils precedemment demarres. Ce qui peut nous occuper jusqu’en milieu d’apres-midi.
Attachement d'une SPLASH sur le bas du dos d'un manchot. On utilise un scotch special (qui resiste particulierement bien a l'eau de mer) dont on glisse des bandes sous les plumes avant de les refermer sur l'appareil.

Valere est a la capture et au "maintien" sur celui-la, moi a l'attachement

43094, de retour sur son nid apres etre passe entre nos mains. Il gardera son equipement pendant 2 voyages en mer consecutifs avant qu'on ne lui retire tout ca pour recuperer les donnees de plongees. Les localisations Argos nous sont transmises par mail quotidiennement.

En general, Valere file alors « bandsearcher » (= mater les ailerons gauches de milliers de manchots dans l’espoir d’y trouver une bague accrochee = arpenter la colonie pendant des heures) et noter le contenu des nids dans la zone de la colonie qui lui a ete attribuee (celle qui a la plus grande densite d’oiseaux bagues puisque c’est precisement la que l’equipe bague chaque annee un millier de poussins et que les manchots sont tres philopatriques = ont tendance a revenir se reproduire a l’endroit ou ils ont eclos et/ou au meme endroit d’une annee sur l’autre).

La, il doit y avoir une photo de Valere en train de bandsearcher, point rouge perdu au milieu de milliers d'Adelie. Evidemment, ca ne passe pas non plus!

"Ca", c'est ce qu'on cherche. Un oiseau noir et blanc avec une charmante bague a l'aileron gauche. Sur son nid, comme sur la photo, ou dans n'importe quelle autre position. Quand on en trouve un sur un nid (avec des oeufs ou des poussins), on enfonce un clou dans le sol pres de son nid avec une decorative etiquette jaune a son nom (le numero de sa bague) afin de pouvoir suivre le nid y compris lorsque le partenaire (la plupart du temps non bague) est de corvee.

Ou bien il part bandsearcher dans une autre zone de la colonie. Pendant ce temps, je reste dans la zone d’equipement pour faire la « tournee » de mes nids d’etude (les nids des oiseaux pour lesquels on a l’histoire des succes et echecs reproducteurs passes et pour lesquels je peux calculer un indice de « qualite »). Ensuite, je file bandsearcher a mon tour et je finis ma journee par un dernier tour pour visiter les nids des oiseaux equipes et, le cas echeant, desequiper les manchots de retour apres leur voyage en mer, nos instruments sur le dos. Entre 19h et 20h, il faut prendre le chemin du retour : 240m de denivele, sac au dos, dans la neige, qu’on s’avale en 30 a 40 min selon la forme.




Ma vue favorite en remontant. J'aime bien la lumiere qui eclaire souvent la pente sur la gauche.

Celui qui est de preparation de diner doit appeler MacOps (le centre de communications de la base) a 19h45, si possible de la cabane, pour le classique « there is 4 [ou 5] of us, and all is well ». Les autres doivent etre de retour a la cabane pour 20h (de plus en plus rare ces derniers jours !) ou prevenir le « cuisinier du jour » de leur retard. La veille de son jour de cuisine, tout un chacun se doit egalement de faire un « seawatch » (= scruter la mer et la glace et noter oiseaux et mammiferes observes) depuis le haut de Pat’s peak (une 100aine de metres supplementaires au dessus de la cabane). La haut, il fait souvent froid et venteux mais les observations que l’on peut y faire valent bien ce petit sacrifice. Le 20 decembre par ex : « La haut (19h30), ca vente un peu, je sens que je vais me cailler. Finalement, c’est pas si mal, je compte les rares manchots empereur encore presents, les phoques de Weddel, les qq petrels des neiges (petits fantomes d’un blanc irreel) qui virevoltent au dessus de la colonie, et j’ai meme la chance de voir un petrel antarctique, plus rare encore par ici que les petrels des neiges. Et puis, la mer, la mer, la mer et pas une baleine a l’horizon. Finalement, vers 20h15, je tombe sur une grande troupe d’orques (qq chose comme 22 individus) qui foncent en direction de l’est. C’est le pied, on les voit super bien, il y a meme un petit qui fait des cabrioles. Je les suis jusqu'à 20h30 et je rentre. » Le soir, dans la cabane, tout le monde rentre ses donnees. On telecharge les donnees stockees dans les instruments recuperes, on procede a qq analyses preleminaires. Grant telecharge les donnees envoyees par Argos et Viola ou moi nous chargeons de generer une carte des deplacements des oiseaux equipes visible par tous sous ArcView. Apres le diner, c’est « journal time » et celui qui est de cuisine le lendemain (donc celui qui est de seawatch le jour meme – vous suivez ???) est charge de recueillir le recit de la journee de chacun et de remplir les rubriques suivantes dans un fichier word : date, personnel, activities, weather, ice conditions, birds, mammals, dinner, notes. Entre-temps, on a aussi souvent droit a un visionnage de ce que Grant ou Ian ont filme dans la journee : les dernieres aventures de Leo, d’incroyables duels entre skuas pour l’amour d’une belle ou bien encore le suivi de quelques nids « modeles ». Ensuite, il est temps de retourner a l’entree de donnees et pourquoi pas, de jeter un œil a ses mails. Voila, il est souvent plus de minuit (1h du mat’ ces derniers temps) quand nous pouvons enfin rejoindre notre tente !


Et on se demande pourquoi on se leve tard apres ca ?!
Pour les variantes, il est possible d’ajouter au menu : mesures de poussins (hebdomadaire) et toilette (tout aussi hebdomadaire, enfin… je parle pour moi, tout le monde ne peut pas en dire autant !). D’ailleurs… on ne serait pas mercredi ? Je m’en vais faire chauffer l’eau et vous embrasse bien fort.
AmeliePS: ecrit le 27 mais poste le 29 dans la soiree du a qq problemes pour charger les photos!

Wednesday, December 27, 2006

26 décembre, journée blanche (3/3)

Sentant votre impatience a l’idée de découvrir des toilettes australes, voici pour commencer une photo de ce lieu de méditation (mais pas trop non plus, parce que même si les parois sont peintes en noir et le siège est en mousse dure et non en plastique glacial, il n’y fait la plupart du temps pas bien chaud), avec le caca space a gauche (pas besoin de copeaux ici), et le pipi space a droite, avec au choix un seau pour ces dames ou un entonnoir pour ces messieurs, l’ensemble de nos déjections étant rapatrie, traité antarctique oblige :
Comme toute maison qui se respecte, la première pièce est bien sur un vestibule, qui sert également de stockage pour la graille, et qui comprend aussi les batteries de stockage du courant, etc. Si vous prenez tout droit, alors vous tomberez dans la « salle de bains » (peut-être un message spécifique d’Amélie a ce sujet). Mais si vous prenez a gauche, alors c’est la pièce principale, 4-5 mètres de long sur 3-4 de large, avec une petite fenêtre et quatre « bannettes » au fond, la table et des étagères (dont la fameuse étagère a chocolat) sur la droite, la cuisine sur la gauche, et le « poêle » dans le coin a droite juste en entrant.

Grant à gauche, Viola en haut à droite, et Amélie attablée, chacun derrière son portable :

Un peu la même, avec une meilleure vue sur les étagères encombrées et la petite station météo au-dessus de la table :

Viola à la cuisine, avec la marmite d’eau à gauche, la fenêtre qui donne sur la top-mega-vue, les deux plaques au gaz, et puis dessous le tout nouveau four :

Grant, la seconde marmite (neige en train de fondre) posée sur le poêle (gaz), au-dessus de la bouteille la radio (il faut appeler la base une fois par jour, a 19h45), Amélie et derrière elle le tableau pense-bête (matériel a ne pas oublier quand on descend a la colonie, tableau de présence a la colonie des oiseaux équipés, etc.) et puis la fameuse porte par laquelle vous êtes rentres :

Val

Tuesday, December 26, 2006

26 décembre, journée blanche (1/2)

La neige a commencé à tomber hier soir, puis la température a frôlé les -10 dans la nuit, et à présent le paysage est totalement blanc, avec des petits flocons qui continuent à tomber bien tranquillement et verticalement, pas un poil de vent.

Un tel temps nous laisse à l’intérieur de la cabane, l’occasion pour moi de vous décrire un peu notre camp. Une vue générale, tout d’abord, un jour un peu comparable à ce matin : notre tente « Scott », au premier plan, la cabane au second, et puis, a imaginer, la tente Scott de Grant et Viola derrière la cabane, et actuellement également, la tente « classique » de Ian, à gauche de la cabane :

La vue incomparable, par temps clair (la cabane se situe à 240 mètres au-dessus du niveau de la mer) :

Et la même perspective prise aujourd’hui :

Une vue de l’intérieur de la tente, spéciale dédicace pour Sophie (la Sophie de la rue des poilus j'entends) avec les fameux gros duvets zippés, et l’Amélie qui disparaît dedans :

Val

Thursday, December 21, 2006

Dans la « nuit » du 9 au 10 décembre…

Apres avoir arrosé comme il se doit l’anniversaire d’Amélie, une soif bien légitime (SBL pour les initiés) me tire du lit vers 6h du matin… et je remarque à cette occasion que la « fast ice » (glace de mer lisse et attachée à la cote - revoir le message sur les grands sages des lieux, et sa premiere photo, pour les distraits) commence à se fissurer en face de la cabane.

Quand nous descendons a la colonie le 10 (en début d’après-midi as usual – cf message « a quoi ressemblent nos journées de manière ordinaire ? »), sous un ciel chargé de nuages gris sombre, nous découvrons que le paysage en face de la colonie est totalement bouleversé : toute la « fast ice » est partie dans la « nuit », sous l’effet du vent et surtout des bonnes vagues que nous entendions de la tente la veille au soir, et la mer, oui la vraie mer, déferle (bon, c’est un peu exagéré) sur la cote (plus précisément le socle de glace qui y reste attaché) ! Le changement est impressionnant.

(au fond a droite, vous pouvez prendre comme point de repere le gros iceberg, qui etait precedemment entoure de "fast ice")

(toujours le meme gros ziceberg, les pieds dans l'eau, et sans doute grattant sur le fond, il ne bouge pas!)


Même l’endroit apparemment abrite ou se trouvait la première colonie de manchots empereurs a été emportée… heureusement les poussins ont apparemment réussi à se réfugier dans les blocs de glace proches…

(la premiere colonie etait sur la glace de mer, juste devant ces grandes falaises, qui marquent le debut de la calotte glaciaire de Ross, ... les poussins se sont apparemment refugies quelque part sur la droite, la ou la calotte rencontre l'ile de Ross sur laquelle nous nous trouvons)


Je suis un peu triste que toute cette glace soit partie d’un seul coup, … mais comme vous le verrez sur des photos prises plus tard, il arrive que de la glace revienne devant la colonie – peut-être en partie la même d’ailleurs – poussée par le vent. Avec a la clé un paysage et des scènes exceptionnelles (chasses de léopards de mer, mouvements de foule chez les manchots sur les galettes de glace, …).

(Amelie a deja mis quelques photos avec le leopard de mer et ses belles dents bien pointues, mais je ne resiste pas a en mettre une autre de ce beau paysage de glace...)


Val

Les grands sages des lieux…

A deux reprises fin novembre, nous marchâmes sur la glace de mer – celle qui est attachée à la cote, « fast ice » pour les intimes – en direction de l’est, de la calotte glaciaire de Ross…

(au premier plan sur cette photo, la cote, ou la plage!, puis des blocs de glace qui ont subi la pression de l'adversaire, qui ont lutté gaillardement afin de conserver l'avantage de la melée, au second plan, la fast ice, toute lisse, avec au beau milieu un iceberg, et ensuite, plus loin, un peu de mer ouverte)


Le fait même de marcher sur cette immense étendue plane et glacée, d’où émerge ici et la des icebergs plus ou moins gros, plus ou moins beaux, plus ou moins etc. (the big iceberg, gros patapouf, la citadelle, etc.) est en elle-même mémorable, les crampons au pied pour être plus tranquille, et puis de petites fissures ici et la, des files de manchots partout, l’immense colonie de manchots Adélie sur notre droite, les falaises de la calotte glaciaire en toile de fond… la première fois sur de la glace presque translucide, et la seconde fois avec une petite couche de neige au-dessus, et des traces de manchots partout (les pattes bien sur, mais aussi des « coulées », quand les oiseaux glissent sur le ventre).

Apres une heure et demie de marche tranquille (avec de nombreuses pauses photos), nous voici en vue des falaises et des blocs de glace tourmentes de la calotte glaciaire, avec devant, dans un endroit apparemment relativement protége, une colonie de manchots empereurs, des adultes et une soixantaine de poussins.

Les cris des adultes comme des poussins sont assez proches de ceux des manchots royaux – ce qui rappelle de fort sympathiques ambiances sonores kergueleniennes – mais les adultes sont plus imposants, plus « épais » (20-40 kg contre 10-15 kg me semble t-il), avec des ailerons nettement plus grands que les royaux, et, pour ce qui est des petits, le moins que l’on puisse dire est que les petits empereurs sont nettement plus présentables dans leur habit gris (et avec leur masque noir et blanc) que les petits royaux (en particulier quand la pluie mouillait leur plumage marron « filandreux » au moment de la mue…).

Nous continuons ensuite un peu vers « l’intérieur des terres » (ou des glaces), d’où arrivent d’autres adultes. Une seconde colonie, plus imposante (environ 300 poussins) est installée dans un paysage impressionnant de blocs tourmentes de glace, tout de bleu et blanc… Un chaos de glace a travers lequel les empereurs ont tasse deux passages bien visibles. Même s’ils ne sont pas bien alertes à terre, ils parviennent néanmoins à grimper de bonnes pentes enneigées, contourner de gros blocs de glace, calmement*.

Calme, serein sont d’ailleurs de bons adjectifs pour qualifier le grand sage des lieux… De bien belles images en tête, comme ces deux adultes qui arrivent tranquillement a la colonie, dans un paysage complètement blanc, et qui font une pause toilette a une dizaine de mètres de moi, ou ces adultes dans ce paysage de glace tourmente, ou encore « le curieux de service », qui nous tourne autour quand nous sommes sur le point de repartir, puis nous suit quelque temps, avant d’être assez rapidement distance ! Et aussi celui (après j’arrête promis) qui après s’être approche de moi d’un pas très décidé, s’arrête a une cinquantaine de centimètres et me « goûte » gentiment la main (la non plus, rien à voir avec les Adélies furieux qui vous chopent un doigt et le serrent comme des brutes).

A chaque fois, une bonne remontée d’une heure et quelque jusqu'à la cabane, sur les coups de 22h-23h, bien claqués et affamés !

Val

*Les Adélies escaladent de manière plus dynamique, mais ce dynamisme a un revers quand il s’agit de leur poser des balises Argos ou autres enregistreurs de plongée sur le dos, ou simplement de chercher les individus bagues, marquer leurs nids, etc. – cf. message « mais que faisons-nous donc subir a ces petites bêtes ? » – quand un individu vous fonce dessus le bec en avant et les ailerons qui battent énergiquement… gare aux mollets qui se trouvent dans les parages.

Wednesday, December 20, 2006

Les dents de sa mere

Tuesday, December 19, 2006

Les dents de sa mere (2eme essai)

Aujourd’hui, au petit-dej’, enfin, a notre arrivee sur la colonie avec Valere en debut d’aprem pour recuperer un appareil et equipper 2 autres oiseaux: une 30aine d’orques filent vers l’ouest a bonne vitesse, a un peu plus de 500m de la cote. On a beau en voir relativement souvent, c’est toujours aussi impressionnant, surtout en nombre. Grant nous avait averti un peu plus tot de leur presence, depuis le sommet de Pat’s Peak (environ 300m d’altitude, au dessus de notre cabane) ou nous faisons a tour de role notre « seawatch » quotidien d’1h (sympa sous le soleil, moins sympa quand la « frigid breeze » se leve). Il y aurait 2 types d’orques dans le coin (2 sous-especes ou peut-etre meme especes differentes) : les plus communs sont de type « C », plutot petits (pour des orques, hein, tout est relatif !) et ne mangeraient que des poissons ; il y aurait aussi qq type « B » qui eux aimeraient bien croquer de temps en temps phoques et manchots. Il se trouve qu’on a pu observer durant plusieurs jours consecutifs de petits groupes (3-4 individus) pourchasser des manchots… hmmm… et que les photos prises par Grant via la lunette feraient effectivement penser a des orques de type « B ». Et ben ca va pas arranger les affaires des Adelies ! Parce qu’en ce moment, on a, au bas mot, 5 leopards de mer qui patrouillent le long des cotes de la colonie et qui font leur lot de degats. Particulierement depuis hier, avec les morceaux de glace du pack qui se sont rapproches de la cote (servant de refuge aux manchots qui reviennent de leurs voyages en mer ou repartent), mais pas assez pour que les manchots puissent rejoindre la cote en toute securite. On se retrouve donc avec de veritables foules sur ces gros glaçons, des milliers de manchots qui s’amassent, attendant qu’un courageux veuille bien se jeter a l’eau pour traverser le canal d’eau peu profonde qui les separe encore de la colonie. Et c’est la, que les leo adorent se planquer pour se jeter toutes dents dehors sur ces petits tas de plumes musculeux. Parmi ces 5 leopards, 1 nous fout vraiment la frousse : Leopold. Il est proprement monstrueux (plus de 3,50m de long, une tete enorme et une bouche dans laquelle tiendraient a l’aise 2 Adelies) et commence a prendre la sale habitude de venir nous regarder droit dans les yeux qd on s’approche du bord de l’eau, dresses sur « l’ice foot » (la bordure de glace qui reste autour de la colonie, a peu pres au niveau de la maree haute). Une vision qui nous a tous fait reculer de qq metres alors qu’on prenait des photos… Je vous en mets qq unes et vous laisse juger…

La scene du crime...

Les dents de Leo (photo de Viola Toniolo)

Le diner de Leo (photo de Viola Toniolo)

Un des multiples rescapes qui tentent de recuperer sur la plage...

Sunday, December 17, 2006

Post tempete - les photos

Valere, de retour d'une expedition heroique jusqu'aux chiottes, o combien elegamment narree par ma moman...
Moi, apres une non moins heroique expedition...
Apres la tempete...

Post tempete

Salut! Nous voila de retour après quasiment 1 mois de silence force, 1 mois sans douche, 1 mois a tripoter des manchots, de maniere encore plus intensive ces derniers jours puisque nous avons commence a equiper les oiseaux avec balises Argos et enregistreurs de plongee depuis le 13 decembre. On reflechissait ce matin (10h30…) avec Valere a propos des themes qu’on voulait aborder prochainement dans le blog : la tempete, la vie dans la cabane et sous notre tente, la colonie de manchots empereur, les changements drastiques dans l’etendue de la glace de mer dans la nuit du 9 au 10 decembre, la vie de la colonie d’Adelie avec leurs meilleurs ennemis les skuas, la description d’une « journee-type », le « bandsearch » et les equipements d’oiseaux avec nos petits appareils hors de prix, etc… Dites nous ce que vous voulez lire en priorite et faites nous part de vos idees.
La tempete pour commencer, histoire de vous expliquer un peu ce qui s’est passe. Rien de tres extraordinaire par ici remarquez, un bon vieux vent en provenance de la calotte glaciaire, plein sud, qui est monte jusqu'à 144 km/h et nous a coince dans notre cabane du 19 au 22 decembre. Au debut, on a bien tente de continuer a dormir sous notre robuste tente Scott mais vers 3h du mat, dans la nuit du 20 je crois, il a fallu se rapatrier dans la cabane tellement les mouvements et les bruits de la tente devenaient effrayants ! On a bourre nos duvets dans un sac, enfile notre « big red » (l’enorme parka rouge que vous avez vu sur les photos de la Snow School), j’ai chausse le masque de ski et c’etait parti pour un long corps a corps avec la tempete sur au moins… 20 m. Un vrai calvaire pour fermer la tente d’abord et ensuite il a fallu remonter contre le vent, chacun une main sur une des anses du sac, a 4 pattes la plupart du temps, histoire de plaquer le sac au sol et de ne pas perdre nos precieux duvets. C’etait la nuit des 144 km/h, methodiquement enregistres par notre station meteo arrimee sur le toit de la cabane. Autant vous dire qu’on a pas remis le nez dehors avant la fin definitive des hostilites ! Quant a notre relais internet (qui nous lie par les ondes a McMurdo), installe il faut le dire a plus de 3000m d’altitude en haut du Mont Terror, il semblerait que la tempete lui ait porte un coup fatal. Depuis, on bataille avec les techniciens de McMurdo pour qu’ils nous reparent ca, mais il semblerait qu’ils n’adorent pas se balader au sommet de Terror… Depuis hier ca remarche, tres faiblement, tres lentement, m’enfin avec bcp de patience on y arrive. Et on vient d’apprendre ce matin qu’apparemment le « comm shop » (= bureau des communications ?) n’y etait pour rien… Ils ont apparemment prevu d’aller sur Terror et peut-etre aussi a Cape Crozier demain… Pourvu que ca continue a fonctionner ! Sinon tout baigne ici, on se leve tard, on se couche tard et on se fait des sacres journees de boulot entre deux mais on vous racontera ca plus tard, il va falloir que j’aille jeter un œil sur les nids des oiseaux equipes. Merci pour les messages dans les commentaires et les mails, continuez a ecrire, c’est super bon de vous lire et on va essayer de rattraper notre retard au plus vite !

PS: bon, les photos n'ont pas l'air de fonctionner, je reessaie ce soir!